
Bouquet final à la galerie l’Antilope ! Une ultime exposition collective rassemble les artistes qui sont passés par la galerie de François-Jérôme Finas-Audin, grand serviteur des illustrateurs et dessinateurs en tous genres sur la place lyonnaise.

Une exposition "quadrature du cercle", il faut bien dire, car comment orchestrer tant de styles différents sur une si petite surface ? Donc ce n'est pas tant l'échantillonnage des talents qu'il fallait voir ce soir de vernissage que l'hommage rendu à François-Jérôme Finas-Audin, "F.J." pour les intimes, qui a généreusement offert une vitrine pendant 30 ans à des artistes qui souvent sont devenus ses amis. Aucune photo ne sait en rendre compte, l'espace de la petite galerie réputée difficile à photographier n'ayant pas voulu faire exception. J'avoue n'avoir rien à tirer de mes clichés de la soirée. En revanche il reste beaucoup à dire.
Bien que Scanreigh ne soit pas le plus représentatif des artistes promus par « F.J. » ce dernier lui propose en 2001 d’exposer dans sa galerie rue du Plat dans le 2e arrondissement de Lyon derrière la place Bellecour. Et d’emblée deux expositions la même année ! D’abord Petites huiles peintes l’été dernier dans un coin de l’usine de Gilles Blanckaert (en février/mars) et de nouveau un titre à rallonge pour Dessins d’exposition et brouillons un peu arrangés en octobre/novembre. Aucune photo pour témoigner de ce démarrage en fanfare et dont on ne pouvait présager qu’il allait se muer en série. Toujours pas d'images pour se rappeler à quoi ressemblait exactement l’exposition de 2004, Dessins à la coupe, qui présentait une longue frise dessinée sur papier Japon et dont on pouvait acquérir des portions « à la coupe ».

Scanreigh se souvient que le concept n’avait pas vraiment convaincu « F.J. » et ce dernier avait sans doute raison. On peut s’en faire une idée car une frise similaire était présente à l’exposition de Chalon-sur-Saône en 2006. (cf. image ci-dessus).
Puis on retrouve la galerie l’Antilope au numéro 99 de la rue Bossuet dans le 6e. La galerie affiche une devanture modeste ouvrant sur un espace, modeste lui aussi, mais cela n’empêchera pas la nouvelle Antilope de drainer pendant des années un grand nombre d’amateurs et d’habitués ravis d’y retrouver le capitaine et sa femme Christine. Concernant Scanreigh, bien plus convaincante est l’exposition Tocades en 2006, des dessins en hommage à des artistes et des écrivains.

En 2007, c’est Hublots, des petits formats qui combinent un dessin en médaillon sur une matrice de bois gravé peinte en noir. La Galerie l’Antilope a parfois été un lieu d’avant-première, comme en 2009, pour Loops une exposition dédiée au tondo et où sont présents les premiers tubes.

En 2011, revoilà du bois pour des dessins intitulés Squiggles intégrant des graffitis laissés par les élèves des Beaux-Arts sur des planchettes de bois leur ayant servi de sous-mains et que Scanreigh s’est appropriées.

Retour à la rotondité en 2012 ou plus exactement à l’ovale avec l’exposition Cassini, référence à la trajectoire elliptique des objets célestes qui a fait cogiter une dynastie de savants, les Cassini. Le nom sonne bien, ce qui est une raison suffisante !

2015 est une exposition de dessins « sur mesure » en hommage aux 20 ans de la galerie l’Antilope. Un superbe texte de François-Jérôme Finas-Audin dans une édition du Musée de l’Imprimerie de Lyon raconte son appartenance à la famille Audin, imprimeurs et éditeurs lyonnais historiques. « F.J. » évoque ses souvenirs d’enfance et y explique le nom de sa galerie. Il a trouvé dans le legs de son grand-père une étrange tête d’antilope en laiton avec à sa base un cylindre fileté. C’était le bouchon du radiateur d’une automobile ayant appartenu à son arrière-grand père, fabriqué spécialement d’après le cimier d’un casque malien. Dans les années 20, cette antilope africaine a inspiré le dessin du logo de la maison d’édition des aïeuls et on ne s’étonnera pas que François-Jérôme l’ait à son tour adopté pour sa galerie ! Même longtemps après cette exposition de 2015, la tête d’antilope s’invitera dans de nombreux dessins et tableaux de Scanreigh.


En 2016, Guipures et entailles joue le contraste entre deux manières de graver : d’une part en fines circonvolutions blanches, telle une dentelle, sur des cartes à gratter noires, d’autre part à coups de gouge énergiques infligés à de grands panneaux de bois verticaux, totems, stèles ou matrices en attente de servir (ou pas) à l’impression d’estampes.

Petits carreaux et grande échelle en 2017 oppose les « petites » ardoises (un classique) à une « grande » bâche prouvant que le grand format sied aussi aux petits espaces.

2019, c’est la première apparition des cadres dorés dans le travail de Scanreigh et ils sont réapparus depuis à La Rochelle !

Un duo avec le photographe lyonnais Philippe Clerc en 2024 relance un exercice que Scanreigh connaît bien : interpréter par le dessin des œuvres photographiques. Ici le propos est très lyonno-lyonnais.
En tout 14 expositions à l’Antilope ! 12 en solo plus deux collectives, l'une sur le thème du Jeu de l'Oie en 2021, exposition qui s'est fait désirer car déprogrammée pour cause de pandémie et l'autre en clap de fin de l'aventure en octobre 2025. Et voilà, il faut se faire à l’idée qu’il n’y en aura pas d’autres. Finis les rendez-vous chaleureux avec François-Jérôme et Christine, finie l’ambiance simple, drôle et intelligente des vernissages, le verre à la main. Finies les retrouvailles lyonnaises avec des amis qui après les vernissages se terminaient autour d’une table de restaurant… Fini.
F.B.
