
Parfois l’enchainement de petits faits fabrique le meilleur scénario qu’on puisse espérer. C’est ce qui s’est passé et conclu dernièrement au sein de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU). Scanreigh y signait officiellement la réception d’un important don d'œuvres sur papier par le prestigieux établissement alsacien. Tout avait commencé timidement en interrogeant un de ses collectionneurs strasbourgeois, Jean-Louis Mandel, à propos d'un carnet de dessins acheté aux enchères sur Ebay. Scanreigh lui parle de la possibilité de faire un don conséquent à des institutions strasbourgeoises dans la mesure où celles-ci conservent déjà des œuvres de lui dans leurs collections. C’était la bonne porte d’entrée car Jean-Louis Mandel, outre sa brillante carrière de généticien, est un acteur de premier plan sur la scène culturelle strasbourgeoise où il contribue par ses dons à l’enrichissement des collections muséales de la ville. Grâce aux contacts qu’il donne, Scanreigh est reçu rapidement au musée de Strasbourg et à la BNU.

Cette dernière se montre très intéressée par la proposition d’un don important d’autant qu’il vient en complément du fonds Baby Lone de l’éditeur Daniel Sardet avec qui Scanreigh a réalisé ses plus beaux livres de bibliophilie. Au cours de l’été, Scanreigh fouille scrupuleusement ses archives et constitue un ensemble d’estampes, de livres d'artiste, de dessins et carnets de dessins le plus complet possible en y ajoutant des varia, (documents divers et périphériques : cartons d’invitation, bulletins de souscription, affiches, etc.) – le tout accompagné de leurs descriptifs. Scanreigh est souvent le seul à pouvoir préciser certains détails sur les œuvres. Depuis plusieurs années, nous nous adonnons à cette tâche d'archiviste en reprenant le cas échéant des notices rédigées par des documentalistes et des professionnels du marché de l’art.

Le 21 novembre 2025, la réception officielle du don a lieu dans le bureau du directeur de la BNU, Alain Colas, en présence de l'équipe en charge de son traitement et notamment des acteurs qui ont piloté le dossier : Gwénaël Citérin, responsable Arts et Iconographie et la conservatrice Catherine Soulé-Sandic. Scanreigh est particulièrement fier que Strasbourg qui jouit d'une grande réputation universitaire dans tous les domaines – et précisément en histoire de l'art – accueille ce fonds dans ses collections. Le lien avec le milieu universitaire était très présent quand nous vivions à Strasbourg. C'est d'ailleurs grâce à nos amis universitaires de l'époque que Scanreigh et moi nous nous sommes lancés dans la création de la revue d'art Avant-guerre, sur l'art, etc. à la fin des années 70.

La réception du don s'est poursuivie par un déjeuner à deux pas de la BNU dans la superbe brasserie installée dans les anciens locaux de l'Hôtel des Postes, rue de la Marseillaise. Détail savoureux pour Scanreigh car au début des années 70, il a signé dans cette poste un contrat d’embauche en tant que facteur, fonction qu’il a exercée dans les faubourgs de Strasbourg les premières années de sa vie d’artiste. Lors de ce déjeuner, un invité surprise s’est joint à nous : Paul Antoine Hervieux, le fils de Michèle Hervieux, qui est la première personne à avoir exposé le tout jeune Scanreigh dans sa librairie-galerie Les Idées et les Arts, place Brant. Michèle Hervieux était une libraire atypique flairant l’air du temps puisqu'elle est sans doute une des rares à avoir permis au groupe d’avant-garde Supports-Surfaces d'exposer en province. La visibilité qu'elle a offerte à Scanreigh a sans aucun doute favorisé la possibilité pour lui d'exposer au Musée d’art contemporain de l’Ancienne Douane en 1976.
Autour de cette table de brasserie s’est dégagée toute la bienveillance que la ville de Strasbourg a eue à l’égard du jeune débutant Scanreigh et qui longtemps après, comme le démontre le dernier épisode en date, continue à lui être fidèle.
