Estampes
2025-09-25

Avec André Spears

Avec André Spears
Station Hill Press/ Barrytown N.Y. 2025

Un petit signe depuis New York de la part d’André Spears par lequel il nous informe de la parution de son dernier livre, son schizo-poëme, travail de longue haleine comme il ditau contenu pointu comme à son habitude.
La 4e de couverture précise que rien dans la poésie américaine ne se rapproche autant de l'approche formelle mise en œuvre par Jacques Derrida dans son livre Glas (1974) que ce nouveau livre de Spears. Même structure bipartite : un poème épique d'une part confronté à une série de citations d'autre part. "Il existe très peu d'œuvres dans la poésie américaine qui se rapprochent de l'énergie intertextuelle et de l'étendue des connaissances dont fait preuve Spears. Hors des radars du marché de la poésie de son propre fait, il est l'un des poètes les plus singuliers travaillant en langue anglaise".

Petite remarque en passant : ce n'est pas exactement ce que laisse présager l’esthétique de la couverture à mille lieues du code graphique poético-littéraire pratiqué par l’édition française de ce côté-ci de l'Atlantique et pour qui les écrits de Spears ne se concevraient que sous couverture blanche, papier sec, à grain de préférence, typo BCBG et corps de caractère réduit ! Ce hiatus est précisément ce qui intéresse Spears qui joue le décloisonnement et l’interférence des registres dans tous les domaines. Alors va pour la poésie d’avant-garde sous des allures de science-fiction ! Tout est à cette image pour ce New-Yorkais de Greenwich Village qui après 25 ans de carrière à un haut niveau dans le transport maritime gréco-américain, se consacre à la littérature. Titulaire d'un doctorat en littérature comparée, il a publié  des articles dans des revues universitaires américaines et canadiennes avant de s’adonner à la poésie et à la littérature "expérimentale" pour dire vite, attentive aux mutations et interconnexions culturelles les plus actuelles.
En 2010, dans feu notre ancien blog, nous avions commenté un texte qu'André Spears avait consacré à l'exposition-hommage à Miles Davis, We want Miles, à la Cité de la Musique de Paris. Il y notait que le décloisonnement du jazz vers les formes créatives de la scène pop-rock-rap est un phénomène qui s’observe aussi en poésie et dont les formes du renouveau sont profondément inscrites dans la révolution numérique.
C’est d’ailleurs par la voie de ses ramifications transfrontalières que Scanreigh et André Spears se sont rencontrés à New York en novembre 2000. Scanreigh présentait à la Columbia University ses « placards » réalisés avec les écrivains et les poètes. Par un enchainement quasi naturel est née l’idée d’une collaboration. Cela a commencé par deux  livres d’artiste puis s’est poursuivi par un projet de 50 estampes basées sur les expressions françaises passées dans l’anglo-américain. Chacun des placards commence par « Like » suivi d’une combinaison logico-poétique, une sorte de greffe linguistique elle-même fixée dans l’image. Quelques exemples de cette collaboration on été présentés en 2010 au Cabinet d'Amateur à Paris, puis un ensemble plus important à la Bibliothèque du Carré d'Art à Nîmes en 2011.

En France, André Spears ainsi que Scanreigh figurent au catalogue exceptionnel de l’éditeur-plasticien Richard Meier / Voix Editions qui a publié plusieurs livres de Spears illustrés par l'artiste suisse Gilgian Gelzer.     F.B.

André Spears et sa femme en 2005
Exposition Librairie-galerie Nicaise, Paris
à gauche : Like a Parti-pris Sans Souci, 2001
Bois gravé avec texte typographié par Pierre Voisin
12 épreuves sur Couché de Zuber, 43 x 38 cm
[E 2001 020]
à droite : Like the Millionaire's Raison d'Être, 2001
Texte typographié par Pierre Mréjen, Marseille
Bois gravé à 19 épreuves sur Couché blanc, 45 x 18 cm
[E 2001 033]

Like the Renaissance of Legerdemain*, 2002
Sérigraphie en deux couleurs signées et numérotées
Atelier La Fraternelle, Saint-Claude
30 épreuves, 44 x 62 [58 x 77] cm
[E 2020 042]
*Legerdemain  est un mot qui malgré sa consonance n’existe plus en français. En anglais moderne, c'est la survivance d'une forme médiévale qui l'a emprunté au vieux français signifiant "léger de main ", c’est-à-dire habile de ses doigts au point d’illusionner les autres tel un prestidigitateur.
Like a Roman à Clef entre Nous, 2002
Bois gravé avec texte gravé d’après manuscrit de l’auteur
sur  Couché de Zuber, 20 épreuves , 50 x 66 cm
[E 2002 027]
Like the Objets d'Art in a Pied-à-Terre, 2002
Sérigraphie en deux couleurs signées et numérotées
Atelier La Fraternelle, Saint-Claude
47 x 67 [56 x 76] cm, 32 épreuves sur Arches 88
[E 2002 041]
André SPEARS, Lost in Space
Éditions du Paon-Saint-André, Paris, 2001. 24,2 x 20,8 cm. (30) pages reliées à la chinoise.Texte anglais d’André Spears composé en bleu sur Vergé 120 g, accompagné de 12 dessins au trait ; le tout sous couverture Contryside Mineral Chalk 250 g. Tirage à 100 exemplaires numérotés de 1 à 100, signés par l’artiste, dont les 30 premiers comportent un dessin original à l’encre de chine noire avec rehauts d’aquarelle. [L 2001 013]
André SPEARS, United States
Édition de l’Oiseau qui dit tout, Bruxelles, 2002. 24 x 11,3 cm. (108) pages reliées à la chinoise. Textes franco-américains d’André Spears, imprimés en bleu sur Rives blanc naturel, accompagnés de 50 dessins au trait, en rouge ; le tout sous couverture grise avec titres United States, Etats-Unis gaufrés au balancier. Ce livre est le prémisse d’une série de 50 estampes, placards sur le même principe : un texte franco-américain d’André Spears et un bois gravé de Jean-Marc Scanreigh. Tirage à 100 exemplaires, numérotés de 1 à 100, signés par l’artiste, l’écrivain et le typographe, dont les 30 premiers comportent un dessin original à l’encre de chine noire daté et signé par l’artiste.
[L 2002 011]