L’idée de présenter des œuvres dans des cadres dorés est née en discutant avec Scanreigh devant les célèbres photos du salon du non moins célèbre mécène russe, Sergueï Chtchoukine, connu pour son audacieuse collection de grands peintres du début du XXe siècle. Collection scandaleuse pour l’époque et que l’accrochage dudit salon illustre au plus haut point. S’y téléscopent de plein fouet le conformisme du décor grand-bourgeois et l’avant-garde moderniste des Matisse, Picasso et tant d’autres !
Les cadres qui font encore allégeance au style XIXe ambiant endiguent à grand peine l’esthétique conquérante des peintures qu’ils contiennent. Mais que peuvent ces fragiles garde-frontières contre la dynamite d’un Matisse ou d’un Picasso ? Aujourd’hui encore, il est fréquent de voir dans les musées les représentants du modernisme pictural encadrés "à l’ancienne" et ça ne dérange personne. Deux temporalités, celle du contenant et du contenu, cohabitent en s'ignorant.
Le cadre doré qui nous vient du Moyen-Age, de la Renaissance et du Baroque, continué et réinterprété les siècles suivants, et toujours aussi doré et tarabiscoté, se perpétue allègrement dans d'infinies versions “néo” jusqu'à nos jours.
Au XIXe siècle, les peintures “pompier” étaient encore en phase avec leurs cadres, puis ça se gâte avec la génération des Impressionnistes … jusqu’à la stridence des Modernes comme en témoigne le salon de Chtchoukine où les cadres manifestement “retardent” sur la peinture qu’ils contiennent.
Mais le contenant et le contenu s'ignorent-ils vraiment ? Que faut-il voir et comprendre dans cette cohabitation ? La question intéresse Scanreigh. En chinant de vieux cadres aux puces pour habiller ses petites peintures et ses dessins, il s'est amusé à faire fonctionner le “retard” des cadres avec leur contenu contemporain. Voir comment il y peut y avoir consonance dans la dissonance.